• Témoignage de Christiane Rème, résistante et déportée à Ravensbrück le 7 juin 2016 devant la classe des 7ème – Franklin

    Comment êtes-vous devenue résistante ?

    Christiane est fille d’officier. Pendant la guerre, elle était étudiante à Science-P. C’est via un de ses professeurs qu’elle est entrée ne Résistance. Ses parents ne savaient pas qu’elle avait rejoint la Résistance.

     

    Quel rôle avait-elle dans la Résistance ? Agissiez-vous seule ?

     Christiane était l’une des deux secrétaires de son réseau. Elle faisait passer des informations, de l’argent…

     

    Comment s’est déroulée votre arrestation ?

    Elle a été arrêtée à 20 ans dans un café, place Clichy, vendue par un membre du réseau lors d’un rendez-vous. Les 2 chefs et les 2 secrétaires du réseau ont été arrêtés ; les 2 femmes sont revenues des camps mais aucun des hommes.

    Après son arrestation, elle a été enfermée à la prison de Fresnes où elle a été interrogée et battue, surtout sur les jambes.

     

    Y a-t-il eu un procès ? Une fois arrêtée, elle n’a pas été jugée.

     

    Étiez-vous rasée? Une fois, dans le camp, on l’a tondue.

     

    Quel était votre matricule ?  27 356.

     

    Comment étaient organisés la vie dans les camps et les camps/ bâtiments?

    Les blocs étaient très bien organisés autour d’un large couloir central, où elles prenaient leurs repas. Elles dormaient sur des sortes d’étagères à  3 niveaux. Dans chaque bloc, il y avait 200 à 300 femmes.

    Les conditions de vie étaient bien plus dures dans les camps dirigés par les SS que dans les prisons commandées par des militaires.

     

    Quel type de travaux forcés faisiez-vous?

    Dans le camp, elle travaillait beaucoup : au début, dans les bois où elle ramassait du bois, creusait, coupait, sciait. Puis elle est devenue peintre pour repeindre les baraquements, ce qui lui a sauvé la vie car le travail était bien moins pénible. « Nous avons prouvé que les Françaises n’étaient pas que des femmes légères et des paresseuses ! » La responsable de la peinture était une allemande qui avait étudié les beaux-arts à Paris ; elle s’est conduite très correctement avec les prisonnières.

     

    Comment se passe une journée dans un camp?

     Elle se levait à 5 heures, puis un long appel commençait, des travailleuses étaient sélectionnées. Rapide repas à base de soupe puis elles partaient travailler jusqu’à midi. Repas puis de nouveaux travaux. Les travaux étaient durs ; on mourrait d’épuisement.

     

    Dans votre camp, Juifs et résistants étaient-ils mélangés?

    Dans le camp, il n’y avait que des femmes de très nombreuses nationalités (russes, polonaises, tchèques,) et quelques juives (≠ Auschwitz). C’étaient des femmes de toutes conditions : des opposants politiques, des homosexuelles … Elles étaient plusieurs milliers de détenues.

    Avez-vous vu certains de vos compagnons mourir de mauvais traitements?

    Les plus faibles allaient à l’infirmerie et mourraient. C’eest seulement à la fin (1945) Ce n’est qu’à la fin (1945) que des chambres à gaz et un four crématoire ont été construits. Christiane a peint les chambres à gaz.

    Pendant combien de temps êtes-vous restée dans ce camp? Elle est restée un an et demi (de Janv 1944 à Avril 1945) à Ravensbrück. 

     

    Comment pouvez-vous expliquer le fait que vous avez  survécu au camp?

    Elle a survécu à ce camp grâce à la fraternité, à l’entraide/ à la solidarité, à l’instinct de survie et l’amour maternel qu’elles se portaient les unes envers les autres. Il fallait prendre les choses à la légère.

     Les hommes qui s’entraidaient moins ont peu survécu. Quand elle a été arrêtée, elle était en pleine forme et n’avait pas souffert des pénuries. En effet, sa famille avait une maison avec un jardin de 3 ha cultivé qui donnait des légumes…

     

    Comment êtes-vous sortie du camp?

    Ce sont les Suédois qui ont libéré ce camp. Christiane est partie plusieurs mois en Suède avant de revenir en France.

     

    Connaissiez-vous des gens dans le camp?

    Dans le camp, Christiane connaissait une dame et sa fille de 30 ans. Cette dame avait passé son enfance avec son père quand il était enfant. Elle est devenue comme une mère pour elle.

     

    Avez-vous tenté de vous échapper? ou d'autres que vous?

    Non, cela n’avait pas de sens car le camp était au beau milieu de l’Allemagne. Comment rejoindre la France une fois évadée ?

     

    Recevait-elle du courrier ? Pouvait-elle en envoyer ?

    Elle recevait des lettres de ses proches et pouvait en écrire tout en sachant que les lettres pouvaient être lues.

     

    Germaine Tillion, une célèbre anthropologue était également internée dans ce camp ; le dimanche, elle donnait des sortes de conférences durant lesquelles elle racontait ses voyages.